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chinastral/conte/fables116 - Histoires courtes

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05082020

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Le Prince qui aimait les Dragons
Le Prince Ye était réputé pour avoir la passion des Dragons. Chez lui il en avait fait peindre sur les murs, gravés sur les piliers. Bref, sa maison était pleine de Dragons.
Quand le véritable Dragon eut connaissance de ce fait, il descendit du ciel chez le Prince pour l'honorer en personne de sa visite. Il passa sa grosse tête par les croisées du sud, tandis que sa queue s'enroulait sur les croisées du nord.

A ce spectacle, le Prince, au bord de la folie, s'enfuit le plus vite qu'il put.

Ceci prouve que le Prince de Ye s'était engoué non du véritable Dragon du ciel, mais simplement de ces soi-disant Dragons peints sur les murs et gravés sur les piliers.

Trop de Chemins
Un jour un voisin de Yangzi laissa s'échapper un de ses moutons. Après avoir envoyé tous les siens à la poursuite de l'animal, il se précipita chez Yangzi en le priant de lui prêter ses valets pour se joindre aux recherches.
- Eh quoi! s'écria Yangzi, tant de monde pour retrouver un malheureux mouton!
Le voisin répondit:
- Il y a trop de chemins qui se croisent, alors il faut beaucoup de gens pour suivre la piste du mouton.
Un peu plus tard, les valets rentrèrent l'un après l'autre.
Yangzi demanda à son voisin:
- Avez-vous retrouvé le mouton?
Le voisin secoua la tête d'un air découragé et dit:
- Non, il est perdu.
- Pourquoi n'avez-vous pas pu le rattraper?
- Il y a trop de chemins qui se croisent, répondit le voisin, de sorte qu'on ne sait quelle route le mouton a prise et nous sommes tous rentrés.

Cette histoire affecta beaucoup Yangzi qui, de toute la journée, resta sombre et silencieux. Etonné, un de ses disciples lui dit:
- La perte d'un mouton n'est pas une telle affaire, de plus il n'était pas à vous. Alors pourquoi en être si affligé?
Mais Yangzi gardait toujours le silence...

N'étant pas parvenu à recevoir de réponse, le disciple alla tout raconter à Xin Duzi:
- Vous êtes son disciple, lui dit ce dernier, et pourtant vous ne le comprenez pas. On n'a pas pu retrouver le mouton parce qu'il y a trop de chemins qui se croisent en tous sens. Eh bien de même, si nous autres, érudits, au lieu de concentrer notre attention sur un seul point, nous perdons notre temps à courir tantôt d'un côté, tantôt de l'autre, nos efforts n'aboutiront à rien, tout comme ces gens qui n'ont pas pu retrouver le mouton.

Le Paysan qui attendait son Lièvre
C'était un paysan qui vivait dans le royaume de Song. Un jour qu'il travaillait dans les champs, il vit passer comme un trait un lièvre qui alla donner contre un arbre au bord de la route et s'y rompit le cou.
Le paysan ramassa le gibier sans se donner plus de peine.

A partir de ce jour, il allait chaque matin dans son champ, posait sa houe à terre, s'asseyait sous l'arbre, prenait ses genoux dans ses mains et attendait qu'un deuxième lièvre vînt se rompre le cou comme le premier.

De deuxième lièvre, il n'y en eut point, mais notre homme devint la risée de tout le royaume.

Les Serpents Déménagent
Une grande sécheresse sévissait. L'étang était à sec. Deux serpents d'eau se virent obligés de déménager.
le plus petit dit à l'autre :
- Si tu marches devant et que je marche derrière, j'aurais l'air d'être ton serviteur et on ne manquera pas de tuer le maître. Avisons donc. Tu vas prendre ma queue entre tes dents et je vais en faire autant pour la tienne, puis je monterai sur ton dos. Cette position adoptée, nous nous mettrons en route. Quand les gens nous verront, ils me prendront pour une Divinité et nous laisseront tranquillement aller jusqu'à la rivière.

En effet, sur le passage des deux serpents tous s'écartaient respectueusement en s'écriant:
- Voilà une Divinité qui passe.

L'Arc et la Flèche
Un homme vantait la qualité de son arc :
- Regardez mon arc. Il est si bon que je n'ai nul besoin de flèche.
Un autre vantait la qualité de sa flèche :
- Regardez ma flèche. Elle est si bonne que je n'ai nul besoin d'arc.

Juste à ce moment vint à passer un maître archer qui s'arrêta pour leur dire :
- Ce que vous avancez là est absolument insensé. Sans arc, comment ferez-vous partir les flèches ? Et sans flèche, avec quoi frapperez-vous la cible ?

Puis il demanda à l'un son arc et à l'autre sa flèche, et se mit à leur enseigner l'art du tir.

C'est alors que les deux hâbleurs comprirent pour la première fois que l'arc ne peut se passer de la flèche, pas plus que la flèche ne peut se passer de l'arc.

Le Cocher Vaniteux
Un jour, Yanzi, premier ministre du royaume de Qi sortit en voiture. Au moment où son attelage passait devant la maison de son cocher, la femme de ce dernier, épiant par les fentes de la porte, vit son mari qui, installé sous le grand dais, faisait claquer son fouet d'un air triomphant, visiblement tout gonflé de son importance.
Quand le cocher fut de retour chez lui, sa femme lui déclara qu'elle voulait le quitter. Abasourdi, il lui demanda la raison d'une telle décision.

- Yanzi est le premier ministre de Qi, lui répondit-elle, il jouit d'une grande réputation. Aujourd'hui je l'ai vu passer, il était assis dans sa voiture, le maintien modeste, nullement préoccupé de se donner des airs. Tandis que toi, qui après tout n'es qu'un cocher, tu jouais les grands personnages. C'est pourquoi, je ne veux plus vivre avec toi.

A partir de ce jour les manières du cocher changèrent complètement, il devint d'une modestie exemplaire.

Frappé de ce changement subit, le ministre s'en fit expliquer la cause.

Il en conçut de l'estime pour cet homme qui avait su se corriger avec une telle promptitude et le présenta au Roi pour qu'il le nommât à un poste officiel.

Une Leçon d'Echecs
Il y avait autrefois un joueur d'échecs renommé qui s'appelait Qiu. Personne ne pouvait l'égaler et il n'avait jamais rencontré d'adversaire digne de lui dans la région.
Qiu enseignait à deux jeunes gens l'art des échecs. L'un d'eux s'appliquait beaucoup et suivait les explications du maître avec attention, alors que le second était distrait. Il était bien là comme son camarade, ayant l'air d'écouter, les yeux fixés sur le jeu; mais en réalité sa pensée était ailleurs: Il songeait tout le temps aux oies sauvages qui passaient dans le ciel et dont il lui semblait entendre les cris, et il aurait voulu prendre son arc et aller en abattre quelques-unes.

Il en résulta que le premier élève devint vite un joueur d'échecs consommé tandis que l'autre, bien qu'il eût passé beaucoup de temps à apprendre ce jeu n'en retint que quelques vagues rudiments.

Etait-ce que son camarade était plus doué que lui ? Que non pas; il faut en chercher ailleurs la cause.

Le Voleur de Poulets
Un homme avait pris l'habitude de voler les poulets de ses voisins et ne laissait pas passer un seul jour sans en voler un.
Un ami lui dit :
- C'est très mal de voler. Tu dois absolument te débarrasser de cette manie.

Le voleur répondit:
- Tu as raison. Je sais bien que c'est mal de voler le bien d'autrui, mais cela est devenu une habitude dont il m'est difficile de me défaire d'un coup. Désormais je tâcherai de voler moins souvent. Je volais un poulet tous les jours; à partir d'aujourd'hui, j'en volerai un tous les mois. L'année prochaine, j'aurai complètement cessé de voler. Qu'en penses-tu ?

S'il est bien établi que le vol est une pratique malhonnête, nul besoin de délai pour s'en abstenir. Le plus tôt est le mieux. A quoi bon attendre "l'année prochaine !"

De la Différence entre Cinquante et Cent Pas
Le Roi Hui des Liang aimait la guerre avec passion. Un jour il dit à Mencius:
- Je m'occupe des affaires de l'Etat avec le plus grand soin. Au cas où la disette sévit à l'Ouest du fleuve, je fais émigrer une partie des habitants dans la région Est, d'où je prends des vivres pour les transporter dans la région de l'Ouest; et je fais de même lorsque c'est dans la région Est que sévit la disette. J'ai observé les rois des Etats voisins, ils sont loin de se préoccuper autant que moi de leur peuple et pourtant la population ne diminue pas plus dans leur royaume qu'elle ne s'accroît dans le mien. Pourquoi cela ?
Mencius répondit :
-Vous aimez beaucoup la guerre. Je vais vous expliquer la chose à l'aide d'une comparaison tirée de cet art : Déjà la bataille s'engage au roulement du tambour, les soldats se jettent les uns sur les autres, l'épée à la main. Mais voilà que bientôt les vaincus arrachent leur épaisse cotte de mailles pour s'enfuir avec plus de légèreté, portant leurs armes à bout de bras. Supposez un guerrier qui, ayant accompli une cinquantaine de pas, s'aviserait de rire d'un autre qui en a fait cent : "Poltron ! lui dit-il, tu as peur de mourir?"
Cet homme a-t-il le droit de parler ainsi?

Le Roi répondit :
- Nullement. Pour n'avoir parcouru qu'une cinquantaine de pas il n'en est pas moins un fuyard.

Mencius reprit :
- Si Votre Majesté en convient, comment se fait-il qu'elle espère voir la population de son royaume augmenter davantage que dans les autres !

L'Agriculteur Impatient
Dans le royaume de Song vivait un homme si peu patient qu'il voulait absolument voir les jeunes plants de riz pousser à vue d'oeil dans les champs.
Un jour il s'avisa d'un expédient : il entra dans le champ, saisit chaque plant l'un après l'autre et les tira légèrement de terre.
Puis harassé par sa besogne, il rentra chez lui et dit aux siens:
- Quel travail! J'en suis tout moulu! Mais les plants de riz ont bien poussé.

Son fils, incrédule, s'en fut voir. Hélas! déjà les pauvres plants commençaient à se flétrir.

Trouver inutile de biner les champs et laisser les plants sans soin est certainement une erreur, mais s'ingénier à les faire pousser en les tirant de terre est un travail non seulement inutile, mais encore très nuisible.

Fin de ces histoires...
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V.I.P.

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