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chinastral/conte/fable35 - La Flute magique

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05082020

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PARTIE I

Il y a très longtemps, dans une vallée, vivait un jeune gardien de boeufs nommé La Yuesheng. Il menait paître un boeuf de labour tous les jours dans la montagne. Très habile dès son enfance, il aimait s'amuser avec l'arc et les flèches et il jouait très bien de la flûte.
Un jour, il mena paître son boeuf dans la montagne, sur une terre en friche, et lui-même se mit à couper des bambous pour faire une flûte. Le boeuf entra dans les champs d'un seigneur, celui-ci le tua.

Lorsque La Yuesheng vint chercher son boeuf, le seigneur le fouetta cruellement. Trop jeune pour l'emporter sur le seigneur, il s'enfuit en ravalant sa haine.

Le méchant seigneur ayant lancé deux chiens à la poursuite du garçon, ce dernier traversa plusieurs collines tout d'une haleine et arriva à une montagne où poussaient beaucoup de gros arbres. Il grimpa sur un arbre, les deux chiens qui ne pouvaient qu'aboyer sous les branches, finirent par s'en aller.

Perché sur son arbre, à l'idée que toute la famille vivait de ce boeuf qui avait été tué et que, de plus, lui-même avait été battu, le jeune homme était rempli de fureur et d'indignation. Ne pouvant se raisonner, il se mit à sangloter.

A ce moment-là, un garçon apparut sous l'arbre et lui demanda:
- La Yuesheng, pourquoi pleures-tu?

- Mon boeuf a été tué par le seigneur, comment oserais-je rentrer chez moi! répondit La Yuesheng.

- Ne pleure pa, si tu es capable, va chercher le boeuf magique dans la montagne sacrée!

- Quel boeuf magique? demanda La Yuesheng.

Le garçon lui expliqua:
- Mon grand-père a dit qu'il y a un boeuf magique dans la montagne sacrée. Très robuste, il peut labourer 8000 "mu" de champs en une journée et 800 "mu" en une nuit. Il sortirait si quelqu'un pouvait l'attirer avec une flûte magique. Si tu trouves ce boeuf magique, ce sera beaucoup mieux que le tien!

En entendant cela, La Yuesheng sauta à terre en disant:
- Je sais jouer de la flûte, mais je ne sais pas où est cette flûte magique.

- Je ne le sais pas non plus, il faut que tu la cherches toi-même, répondit le garçon.

PARTIE II

De retour chez lui, La Yuesheng se perdait dans ses réflexions sans rien trouver. Où était donc cette flûte magique? Il décida finalement d'aller la chercher le lendemain.
Le jour suivant, de bonne heure, il se mit en route en apportant avec lui un sabre et un arc. Il se dirigea seul au fond de la montagne, mais au bout de deux jours, il n'avait rien trouvé.

Le troisième jour, à la nuit tombante, La Yuesheng cherchait encore dans la montagne. Autour de lui, la forêt dense émettait des sifflements lugubres au souffle du vent, le rugissement du tigre retentissait au loin dans les vallées.

Saisi de peur, La Yuesheng se cacha sur un arbre. Tout à coup, un éclair éclatant de couleur vive surgit sur la pente en face de lui. Scintillant, il devenait de plus en plus brillant, évoquant tantôt un pont en couleur, tantôt un Palais. Captivé par cette lumière, La Yuesheng ne la quittait pas des yeux et il s'aperçut qu'une touffe de bambous se balançait sous cette tâche colorée.

"Qu'est-ce que c'est? Y aurait-il des immortels dans ce bosquet!"

La Yuesheng était dévoré de curiosité: Soudain, il poussa un cri de joie:
"Ça doit être des bambous des immortels, je vais en couper deux pour faire une flûte; ce sera peut-être une flûte magique?"

Enchanté, il eut envie de descendre de l'arbre pour aller couper des bambous. Cependant, pensant qu'on ne pouvait pénétrer dans un lieu fréquenté par des immortels sans risquer d'être mangé par des animaux féroces, et qu'il valait mieux y aller le lendemain matin, il s'assit en croupe alors sur une branche de l'arbre pour regarder la belle lumière changeante, et resta les yeux ouverts toute la nuit.

PARTIE III

Quand le coq chanta pour la troisième fois, le jour se levait et les oiseaux dans les bois commençaient à chanter. La main sur son sabre à la ceinture et son arc à l'épaule, il s'enhardit à descendre de l'arbre et se dirigea vers les bambous.
A 15 mètres du bosquet, un tigre sauta soudain en face de lui et se jeta sur lui en montrant griffes et crocs. Pris de panique, La Yuesheng poussa un cri, recula de quelques pas, puis empoigna son arc, et d'une seule flèche abattit le tigre.

La Yuesheng eut à peine le temps de se détendre qu'un autre tigre surgissait. Il visa l'oeil; touché, le fauve en rugissant fit un bon de 10 mètres, puis retomba sur le sol et roula du haut du roc jusqu'au fond de la vallée.

Essuyant la sueur sur son visage, La Yuesheng espérait se reposer un peu lorsqu'un troisième tigre apparut devant lui. L'air farouche, il se jeta sur le jeune homme qui, n'ayant pas eu le temps de bander son arc, tira son sabre et en assena un coup de toutes ses forces sur la tête du tigre. Le fauve s'écroula en rugissant; encore quelques coups de sabre et il ne bougea plus.

La Yuesheng était baigné d'une sueur d'angoisse. Quelques minutes passèrent, plus rien ne se produisit. Il s'approcha de la touffe de bambous, en coupa deux tiges et se mit à fabriquer avec soin une flûte.

Dans l'après-midi, sa flûte était faite. Il en joua pour l'essayer. Au premier son, de tous les côtés arrivèrent en volant toutes sortes d'oiseaux de toutes les couleurs et de toutes tailles qui voletaient autour de lui.

Au deuxième son, vinrent en foule des chevrotins, des cerfs, des tigres et des panthères. La Yuesheng continuait à jouer, le son harmonieux résonnait au vent du crépuscule dans la forêt.

Les oiseaux chantaient tout en battant des ailes autour de La Yuesheng et les animaux à côté de lui hochaient la tête et agitaient leur queue tout en étant fascinés par la musique.

La Yuesheng jouait et regardait, mais jusque-là aucun boeuf n'apparaissait. Il se dirigea alors vers le sommet de la montagne, les oiseaux le suivaient en volant et les animaux lui faisaient cortège.

Il marcha beaucoup; toujours pas trace de boeuf. Impatient, il monta sur un roc élevé et joua de la flûte de plus belle: le son de sa flûte retentissait sur tous les sommets de la montagne comme si des perles se heurtaient en roulant.

Juste à ce moment-là, au loin, La Yuesheng vit un gros boeuf qui s'approchait lentement en se balançant; il finit par s'arrêter docilement devant le jeune homme.

PARTIE IV

La Yuesheng le regarda de plus près: Quel boeuf! haut et géant, gros et robuste avec le poil noir et brillant; un anneau sur le nez, le regard fixé sur La Yuesheng comme s'il voulait parler.
Transporté de joie, La Yuesheng enleva sa ceinture verte de lianes et l'attacha sur l'anneau. Il donna une tape sur le dos du boeuf qui se tourna vers lui et lui lécha amicalement la main. Très content, La Yuesheng monta sur son dos et prit le chemin du retour.

A son arrivée à la maison, ses parents le serrèrent dans leurs bras, en pleurant de joie:
- La Yuesheng, où as-tu été ces jours-ci? On croyait que tu avais été mangé par des animaux féroces.

La Yuesheng répondit:
- Papa, Maman, ne pleurez pas. J'ai trouvé dans la montagne un boeuf magique qui peut labourer 8000 "mu" de terre en une journée et 800 "mu" en une nuit.

A ces mots, ses parents sortirent pour regarder le boeuf comme s'ils avaient obtenu un trésor. Ils flattaient sa tête, son nez, si contents qu'ils ne purent dormir de la nuit.

Le lendemain, La Yuesheng et son père conduisirent le boeuf magique aux champs. Peu de temps après, il avait labouré une vaste étendue de terres. Le père très content, dit:
- Ça suffit, ça suffit, s'il continue, nous ne pourrons pas tout cultiver.

Ravis, le père et le fils retournèrent chez eux en ramenant le boeuf.

PARTIE V

La nouvelle se répandit comme le vent. Dès qu'il l'eut apprise, le seigneur avide voulut s'emparer du boeuf sur le champ. Comme il se grattait la tête, une idée lui vint. Il mobilisa toute sa famille pour examiner les vieux carnets de compte.
Ils découvrirent finalement dans le dernier carnet qu'ils avaient prêté à la famille de La Yuesheng 50 livres de riz qu'elle n'avait pas encore rendues. Le seigneur poussa un cri de joie:
- Tant mieux, tant mieux, je vais en réclamer le paiement!

Cela dit, il se rendit chez La Yuesheng en apportant le carnet de compte. Il dit au père de La Yuesheng:
- Vous m'avez emprunté 50 livres de riz il y a quelques années et vous devez m'en rendre plusieurs centaines de livres en comptant l'intérêt; ce sera pour quand?

Le père de La Yuesheng lui répondit:
- Monseigneur, nous n'avons même rien à manger pour le moment, nous vous le rendrons certainement plus tard.

- Vous voulez renier votre dette? dit le seigneur.

Le père de La Yuesheng tenta de s'expliquer:
- Nous n'oserions pas. Nous n'avons vraiment rien à vous donner. Permettez-nous de nous acquitter de cette dette l'année prochaine.

Affectant un air de pitié, le seigneur poursuivit:
- C'est vrai, je sais que vous avez des difficultés. Pourtant il faut rembourser la dette. Dans ce cas, je vous propose de me donner le boeuf en guise de paiement.

- Non, non, je ne vous donnerai jamais le boeuf; plutôt mourir de faim! s'écria La Yuesheng en entendant cela.

- Alors, rendez-moi le riz! dit le seigneur d'un ton menaçant.

Aussitôt il emmena le boeuf de force. Le seigneur rentra triomphalement chez lui. Il fit construire spécialement pour le boeuf une étable avec un plancher et une porte quadrillée.

Comment La Yuesheng aurait-il pu céder au seigneur ce boeuf qui lui tenait tant à coeur? A minuit, prenant sa flûte magique, il monta sur le toit de sa maison et se mit à jouer.

Au son de la flûte, le boeuf se dirigea vers la maison de La Yuesheng en emportant son étable...

PARTIE VI

Le lendemain matin, le seigneur s'aperçut que le boeuf et l'étable avaient tous deux disparu. Il envoya ses domestiques à leur recherche. Finalement, ils les trouvèrent chez La Yuesheng.
Bondissant de fureur, le seigneur fit venir La Yuesheng, l'enferma dans une cage et fit ramener le boeuf. Un fouet à la main, il dit au jeune homme:
- J'ai entendu dire que ton boeuf magique peut labourer en une journée 8000 "mu" de terre, qu'il travaille pour moi! S'il en labourait un pouce de moins, je te fouetterais à mort!

La Yuesheng fut bien obligé de prendre une charrue et de conduire le boeuf au champs. Le seigneur les suivait pour les surveiller en faisant claquer son fouet, sans les quitter des yeux.

Le travail commença. Au cri de La Yuesheng, le boeuf magique entama le labour. Quelle vitesse! La terre était renversée et se déversait comme des vagues, même les pierres étaient brisées.

A cette vue, le seigneur ravi pensa que La Yuesheng et ce boeuf pourraient faire autant de travail que quelques centaines d'hommes. Transporté de joie, il faisait claquer son fouet en criant:
"Vite, vite, bravo!"

Le boeuf magique labourait de plus en plus vite comme s'il s'envolait. Le seigneur était si content qu'il en oubliait tout. Il sauta d'un coup au milieu des champs pour regarder de plus près sans se soucier de couvrir de terre ses chaussures neuves.

Le boeuf magique galopait en traînant la charrue à la vitesse de l'éclair, éblouissant les yeux et donnant le vertige.

Finalement, à chaque tour que faisait le boeuf, des champs s'écroulaient. Et tout d'un coup, toute la terre s'effondra et on vit surgir une mer toute blanche dont l'eau montait sans cesse.

A ce moment-là, le boeuf magique portant La Yuesheng sur son dos, sauta hors de la mer dont les vagues blanches déferlaient, et se dirigea en volant vers la maison de La Yuesheng.

Quant au seigneur avide, il fut noyé et on ne put même pas retrouver son corps.

Fin de cette Histoire.
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V.I.P.

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